Petit Poisson et Chien Tête en Bas
Il y a presque 7 mois, j'apprenais la super nouvelle, l'inespérée joie, de pouvoir revivre ce moment magique de la maternité. Bon c'est pas comme si ça faisait 10 ans que ça ne m'était arrivé, pas comme si tout était à réapprendre.
Passées les premières angoisses de "nan mais attends, c’est pas possible, on va tout chambouler, Mini-tortue, mes liens de maman-poule avec elle, et puis tes liens à toi de beau-papa-poule on va faire comment?", passés le "nan mais attends, on n'a pas de chambre pour le petit poisson, on fait comment on change de maison?" , passé aussi le "et puis sérieusement, je vais prendre du poids… ", Voilà, c’est dit… alors je finis par me calmer. Il faut dire que l'Homme-Force-Tranquille à mes côtés sait y faire "ça va aller" (à prononcer avec une voix grave et posée), "Marie, on a encore du temps pour se préparer", "tout va bien se passer, je suis là"... _ Moui, tu es sûr (que ça va bien se passer hein, parce que je sais qu’il sera là)? Moui c'est sans doute toi qui a raison... (bon, on est d’accord çà, ça vaut pour Mini-Tortue, pour la maison, pour la logistique, mais pour le poids c’est une autre affaire !)
Donc, moui mais quand même, j'ai super peur, nan mais parce que, au-delà de tout recommencer, au-delà de la joie immense qui m'envahit, c'est qu'en plus de tout ça, ben moi j'ai 10 ans de plus, ma tête, mes rides, mes cheveux blancs et ma peau ont 10 ans de plus… On dira ce qu'on veut ce n'est pas rien... je les entends mes collègues, mes copines, bref, toutes les femmes, dire et répéter, qu'avec l'âge on ne récupère plus les kilos en trop, que la peau n'est plus aussi souple qu'avant, elle garde les traces... "ah oui ? Les traces, toutes les traces...??? "
On inspire et on expire, flexion, extension, tout va bien se passer : c'est l'Amoureux qui l'a dit !
Alors, quand vient le moment de ranger les armoires, de passer des robettes estivales que tu as eu la chance de pouvoir mettre encore parce que de toute façon elles étaient amples, ne gênant pas ce petit centimètre (ou 2) qui entoure tes cuisses, à celles d'hiver : exit les jolis pantalons, les belles chemises cintrées et les super tenues de l'an passé. Tu les laisses soigneusement dans les cartons et tu pleures un bon coup à chaque pièce que tu vois et que tu tentes d'enfiler : les bras ça passe, mais c'est la poitrine qui coince, alors le ventre on ne tente même pas. Exit ce nouveau jean Slim que tu as pu mettre exactement 3 semaines, et qui reste coincé en haut des cuisses.
Au passage tu te remercies quand même d’avoir dans tes fringues des trucs qui jusque-là étaient un peu trop larges, et qui te donnent l’illusion de n’avoir pas pris un gramme parce que Ô joie, tu rentres encore dedans.
Mais, sûr, croix de bois, croix de fer, l'an prochain, cuisses coincées ou pas Jean slim tu mettras !
Et puis BIM, le truc est tombé, tu te retrouves coincée à la maison, petites complications. Finis les efforts naturels, ceux qui font éliminer sans y penser ; se lever, marcher, travailler, cogiter, réunioner discuter, remarcher, recogiter, etc… A ce stade, tu finis par compter les pas que tu fais chez toi (et ce n’est pas grand chez toi), tu tentes de ne pas optimiser les montées et descentes d’escalier, pour favoriser l’élimination de cette « rétention d’eau » (autrement dit de cette cellulite, n’ayons pas peur des mots, appelons un chat un chat) coincée sur ces mêmes cuisses qui n’entrent plus dans le jean slim tout neuf… Tu ne cèdes pas à toutes tes envies de faire des gâteaux, tu évites d’acheter du chocolat, et tu tentes de faire un peu d'exercice (mais bon c’est quand même bientôt noël, hein.. alors bon le chocolat euh… j’dis ça, j’dis rien).
Alors voilà, en bonne fouineuse et sporteuse expérimentée tu retournes le truc dans tous les sens : tu ne peux plus courir, plus sauter, ni danser, tu ne peux plus grand chose en fait, c’est là que tu décides, envers tes a priori de base, de te laisser tenter par le Yoga. C’est là que tu prends conscience de toute la place de ce bedon dans ton environnement personnel.
Déjà, tu as du mal à passer entre le volant et le siège conducteur pour aller à ce cours, puis tu fais le constat que tenir debout les jambes écartées en position du guerrier (oui oui, position du guerrier), une jambe pliée, l’autre tendue, ça demande un effort colossal pour ne pas tomber les 4 fers en l’air, tu te sens ensuite un tant soit peu coincée quand elle te dit de t’allonger sur le ventre pour étirer je ne sais quel muscle, alors évidemment toi, tu fais un truc qui ne ressemble à rien, tu étires un truc, en étant à 4 pattes, le ventre pendant vers le bas, tout en essayant encore de ne pas tomber. Vient alors le clou du spectacle, la fameuse position du Chien Tête en bas… Imagine un peu le truc, tu fais un triangle qui a pour sommet tes fesses, positionnée sur la pointe des pieds et sur les mains, tous tes membres bien tendus… tu ris en te demandant bien ce que petit poisson doit penser de ces mouvements censés être gracieux et souples… Et tu entends la prof répéter, on rentre le ventre mesdames ! C’est sûr c’est pour moi !
Je ne sais pas si j’ai fait un peu d’exercice, je ne sais pas si j’ai bien respiré, je ne sais tout bonnement pas ce que j’ai fait mais je me suis bien amusée. Quant aux kilos en trop, à l’eau qui s’installe dans mes cuisses, pas sûr que le Chien Tête en Bas me soit d’une grande utilité. Promis j’y retournerai quand je pourrais poser le bedon sur le tapis. En attendant, aller, on souffle, on inspire et on expire, au moins on apprend à gérer la respiration, une aubaine pour le jour J et ses contractions.
illustration : http://9blogueurs9mois.blogspot.fr/2010_11_01_archive.html